Sonntag, 28. Februar 2010

Slottskogen

Hé non, pas de traduction, ceci est un nom propre, l'appellation de l'immense parc de Göteborg où je suis allée me promener hier, bravant le ciel gris et une bruine qui, bien que je ne l'ai pas sentie sur le coup, m'a complètement trempée. Même si l'élément le plus humide de la journée a été la neige, en version fondue ou purée, parce que deux jours de "plusgrader", températures positives, ont eu raison d'une partie du manteau blanc. Heureusement, il va bientôt faire froid à nouveau, ainsi tout regèlera pour que les rues redeviennent une patinoire géante où chacun lutte pour sa survie en marchant dangereusement sans même le faire exprès. Chouette. Mais pour le moment, je ne cours pas autant de risque, l'après-midi il s'entend, le matin étant toujours enveloppé de verglas. Je ne vais pas me plaindre, ici le sol ne se fend pas...


Ma première vue du parc. J'ai croisé beaucoup de familles, de couples, de bandes d'amis, et aussi des gens qui couraient ou marchaient rapidement à l'aide de bâtons. J'ai aussi dépassé deux amoureux dans une montée remplie de gravillons et d'eau, la demoiselle faisait sa coquette avec des talons bien hauts. Soit elle est insensée (et inspirée par le Glamour de ce mois, qui vante les talons, y compris après les témoignages de filles qui se sont cassé le bras en tombant à cause de leurs pompes haut perchées...), soit c'était juste pour le plaisir de s'agripper à son chevalier servant. Ce qu'elle ne sait pas, c'est qu'en tout cas, elle m'a amusée, vilaine sarcastique que je suis.


Les voies du parc ont des noms, où l'on ressent l'influence du français dans la langue suédoise. Ici, on ne dirait qu'on a fait une "promenade", mais une rue peut très bien s'appeler comme ça, c'est charmant. J'ai donc emprunté ce chemin, qui montait et descendait dans ce parc vallonné. Et, mes pas aléatoires m'ont mené à un endroit fantastique...


Des phoques ! En captivité, mais en bonne santé !


J'ai en outre la chance d'avoir assisté au lancer de poissons réalisé par une soigneuse. Quand les phoques n'attrapaient pas leur nourriture, les mouettes jouaient les piquent-assiettes, saletés. Je suis déçue qu'elles soient les seuls oiseaux que j'ai été en mesure de photographier à ce jour, en effet, les autres piafs sont différents des nôtres.

En plus des animaux, mon regard a été attiré par des végétaux, plus loin.


D'abord, des conifères, évidemment verts, mais surtout dépourvus de neige hier. C'est dans ces cas là que je me dis que le vert est la couleur de l'espoir. L'espoir que le printemps 2010 arrivera un jour.

Après ces arbres charmants, j'ai continué à avancer, puis grimpé une colline en haut de laquelle je n'ai pu que devenir perplexe.


Peut-être la photo n'est-elle pas assez claire, en tout cas je peux vous dire que cet arbre est rempli de tétines pour bébés. Il n'y avait aucun écriteau explicatif à côté, et c'est la seule chose du genre que j'ai vue dans le parc. Je me demande donc vraiment ce que cela peut être. Une oeuvre d'art moderne, un mémorial ? Ou alors, les thésards clouent leur thèse et les enfants... accrochent leur tétine dans un arbre une fois qu'ils ont réussi à s'en détacher ? Le mystère reste entier, je vais tenter de me renseigner dans les jours à venir...




Freitag, 26. Februar 2010

Internationella kvällen i Ågrenska villan (Soirée internationale à la maison Ågrenska)

Je n'en veux pas tant que ça au professeur de suédois qui m'a snobbée en me renvoyant vers le "Guest service" de l'université, car je n'aurais sans doute jamais eu vent de l'existence de cette unité sinon. Or, le "Guest service" organise des événements pour les chercheurs et apprentis scientifiques étrangers, en commençant par une soirée d'accueil, qui a eu lieu hier, et à laquelle je tenais absolument à me rendre. Avant cela, j'ai suivi mon chemin près de la neige et de la glace. Aujourd'hui, il a fait cinq degrés, alors tout fond à une vitesse incroyable, vraiment, je découvre le bitume, les dalles, je me rappelle du bruit que font mes chaussures sur un sol dur, c'est la folie. Cependant, qu'on se rassure, les températures retourneront sous la fatidique barre de zéro la semaine prochaine, histoire que ça glisse encore tous les matins.


Mais quand même, sachant qu'elle disparaîtra bientôt, je regarde avec sympathie la neige. J'aime bien ces arbres décorés de blanc devant le centre. Il y a des bébés rameaux touffus au bout des branches. Je guette les bourgeons et les petites feuilles sur les plantes, mais à ce jour, je n'ai rien vu !


J'arrive même à trouver une certaine élégance à la glace. Bien entendu, quand elle n'est pas sous mes pieds ou juste au-dessus de ma tête, prête à s'effondrer sur moi. Là, sur un bâtiment du jardin botanique, je la trouve jolie et inoffensive.

Hum, je souhaitais parler de la soirée internationale à la base, je m'égare, je m'égare. Elle était organisée dans une maison de l'université, située à deux pas de chez moi, sur une place que je traverse toujours pour aller en ville.


La lumière avait baissé quand je suis arrivée, voici l'entrée. Je me suis avancée vers cette auguste demeure et ai abandonné mon appareil dans mon manteau, pour me laisser porter par l'ambiance chaleureuse de cette réception. On m'a remis un badge que je n'ai pas conservé, mais dont j'étais très fière, il y avait mon nom, et puis "Research trainee, Department of marine ecology". How sweet. D'accord, je n'ai croisé que des "PhD", "PhD students" et "Post-doctoral fellows", mais j'ai bien le droit d'être jeune, nan ? En plus du badge, on m'a filé un verre de je ne sais pas quel alcool clair, sucré et délicieux, que j'ai siroté en me dirigeant vers les têtes que je connaissais du cours de suédois. Après que nous ayons eu le temps de commencer à bavarder, un ponte de l'université a fait un discours sur l'histoire de l'enseignement supérieur à Göteborg, l'université étant née relativement tard de la volonté de marchands s'étant enrichis dans cette ville relativement rustre à l'époque selon des poètes. En ces temps reculés, comprendre fin du XIXe début du XXe, Chépluki a dit "Gothenburg is the rudest city in North Europa". Sympa. Chéplukinonplu a renchéri : "Gothenburg is the place where you don't write poetry". Heureusement, l'université est née, scindée en de nombreuses institutions dans toute la ville, prenant ainsi la forme d'un archipel se plaçant aujourd'hui au rang de plus grand université suédoise en ce qui concerne le nombre d'étudiants. Le ponte a continué en nous souhaitant de profiter de la ville, d'être créatifs et de nous faire des amis.

Et là, buffet ! Splendide buffet même ! Chacun a rempli son assiette, je suis restée en compagnie d'une biologiste portugaise, d'un médecin roumain et d'un chimiste allemand, ensemble nous avons cherché une table, que nous avons partagé avec d'autres "Guests". Nous avions accès à tous les étages de la maison, remplie de salles tranquilles, ça fait très familial je trouve. D'ailleurs, j'ai découvert que je faisais partie de deux grandes familles. Et d'un, la communauté d'expatriés en Suède, caractérisée par un regard amusé sur ce pays, une envie de comparer avec le sien et ceux des autres lors de beaucoup de conversations , et une certaine solidarité. Et de deux, enfin je n'y appartiens pas totalement encore, ça viendra sans doute, la communauté scientifique, bien qu'hier soir cela se soit juste traduit par des questions à tout va sur les sujets des uns et des autres. Je n'ai pas eu trop de mal à saisir les thématiques des gens, étant donné que j'ai surtout parlé à des biologistes, sans même faire exprès, en effet, le personnel de l'hôpital Sahldrenska sont vraiment partout.

Des conversations, j'ai été marquée par celle sur l'alcool et le système éducatif français. On m'a demandé si les Français buvaient vraiment du vin à chaque repas, etc, nous en sommes venus à parler du paradoxe français (l'histoire des maladies cardiovasculaires et de la consommation de vin rouge), j'ai appris que c'est aussi un paradoxe portugais ! On ne me l'avait jamais dit ! Fichu hexagonocentrisme. Quant au système éducatif, un jeune thésard polonais m'a dit qu'en France, on avait un système détestablement élitiste, avec des écoles comme Polytechnique, les Ecole normales supérieures. Pourquoi, mais pourquoi a-t-il retenu ceci de ses cours de français dont il m'avoué avoir oublié une grande partie ? "Euh bah en fait j'étudie dans une ENS mais je suis gentille hein...". Scrogneugneu.

Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde, que ce soit à la villa, ou dans le bar où j'ai suivi un petit groupe ensuite, oui oui oui, c'était la première fois depuis mon arrivée que j'entrais dans un bar. J'ai bien fait connaissance avec certains de mes camarades du mardi soir, j'ai rencontré d'autres personnes, peut-être les reverrai-je, peut-être pas, en tout cas, je suis bien contente de cette soirée, et j'ai hâte de retourner au cours de suédois ! Evidemment, je souhaite aussi continuer d'apprendre à connaître les Suédois eux-même, mais l'un n'empêche pas l'autre, et du coup, je ne m'ennuie pas ! Jag älskar Sverige !





Dienstag, 23. Februar 2010

Kursen i svenska börjar (Le cours de suédois commence)

Avant de venir ici, j'avais envoyé un courriel au département de suédois langue étrangère de l'université pour savoir si je pourrais suivre un cours intermédiaire. Au lieu de me répondre, ou plutôt sans me répondre, quelle impolitesse, le professeur à qui j'ai écrit a transféré mon courriel au "guests service", id est l'unité responsable de l'accueil des chercheurs étrangers, qui m'a recontactée quelques temps après en me proposant soit un cours pour débutants, soit un cours pour utilisateurs basiques (basic users). J'ai choisi le second en me disant que ça risquait d'être un peu facile, mais en pensant également que ce serait chouette d'apprendre du suédois avec des scientifiques du monde entier. Me voici donc inscrite pour dix séances de suédois niveau A1-A2, les mardis soirs, à deux pas de chez moi.

J'ai pu quitter le centre assez tôt cet après-midi, profitant de la lumière dorée sur la neige toute fraiche qui continue à s'accumuler jour après jour.


Evidemment, encore un cliché du quartier du centre, j'aime moins la route que je longe ensuite, même si elle n'est pas laide non plus. Je l'aime surtout à l'aller, cependant, car dans ce sens j'ai deux descentes et une montée. Ce soir, j'ai vaillamment surmonté les deux côtes jusqu'à mon immeuble, avalé des tartines au beurre salé, oui oui oui, j'en trouve ici, et me suis rendu au département de suédois de l'université, très curieuse de voir comment les choses allaient se passer.

Hé bien, elles se sont déroulées exactement comme je l'avais imaginé. Nous sommes nombreux et d'origines diverses, et le niveau est assez faible, nous avons par exemple revu les jours et les mois, ou la prononciation des neuf voyelles suédoises. [Seul le niveau du cours est assez faible, les compétences linguistiques ont l'air très variées, et tout le monde comprend le professeur qui parle principalement suédois, en se doublant parfois en anglais. Du coup, nous irons peut-être plus loin que prévu !] Mais j'aime beaucoup l'esprit du cours, la diversité, la bonne humeur, la spontanéité des élèves et du professeur. Celui-ci a commencé par nous dire que le polyglotisme était pour lui une composante de sa vie professionnelle... et personnelle, car il est mariée à une Espagnole qu'il a rencontrée à Bali, aux débuts de leur relation leur langue commune était l'Allemand. Leur fille âgée de dix-neuf ans parle ces trois langues, grâce à ses parents, et à sa fréquentation du lycée allemand de Göteborg. Après qu'il se soit adonné au jeu de la présentation, nous l'avons tous imité les uns après les autres. La majorité des gens travaille à la Sahlgrenska, hôpital devant lequel je passe chaque matin, ou à la Chalmers, que je traverse chaque jour. Le centre de géologie est également sur mon trajet, j'ai ainsi pu situer tout le monde sauf les chimistes. Quant aux pays d'origine, ils donnent à chacun un accent particulier, et des difficultés spécifiques, le Russe ayant par exemple du mal à distinguer le "a" (prononcé "a") et le "å" (prononcé "o"). Mes camarades viennent de Chine, d'Iran, d'Argentine, d'Australie, des Etats-Unis, de Roumanie, de Croatie, de Russie, des Pays-Bas, du Portugal, d'Espagne et d'Italie. Je suis la seule française ! Les deux Iraniens, un homme et une femme habillée en jaune vif (la couleur me l'a rendue sympathique au premier coup d'oeil, je ne sais pas pourquoi) nous ont raconté s'être rencontrés à la Chalmers et être à présent mariés, c'est trop miiignon.

Beaucoup ont déjà vécu en Suède un ou deux an(s), mais ne pratiquent pas assez la langue locale. Je crois qu'il vaut mieux se lancer dès le début, il est en effet tellement facile de s'en tenir à l'anglais que beaucoup de Suédois maîtrisent parfaitement... Evidemment, parler Suédois est plus difficile, ralentit la conversation, mais c'est un investissement à long terme. Je trouve triste la perspective d'en rester à des cours pour débutants pendant des années, mais cela dépend vraiment de l'environnement de vie et de travail, j'ai moi-même la chance d'avoir pu suivre des cours avant de venir, et de croiser des gens patients ! Au milieu du cours, nous avons fait une pause, pendant laquelle l'université nous a offert la fika, miam, on pourrait m'acheter avec des gâteaux à la cannelle. Les discussions, en anglais, ont toute démarré très facilement. J'ai appris que j'avais fait sensation en me présentant sans hésiter alors que je n'avais passé que deux semaines en Suède, j'ai mis fin aux envies de meurtres des Australiennes et de la Chinoise en leur expliquant que mon école proposait des cours de ce merveilleux dialecte nordique. Et puis accessoirement, ça ne prend pas trois siècles d'apprendre à dire son prénom, son pays d'origine, sa date d'arrivée et son "métier". Et autre détail, j'ai un accent français, et allemand parce que j'assimile un peu trop le suédois à cette autre langue germanique. Alors ne me tuez pas...

Je crois que j'ai fait un bon choix en m'inscrivant à ces séances, j'apprendrai des notions au passage, améliorerai sans doute ma connaissance des accents toniques, et passerai du temps avec ces personnes souriantes et sympathiques ! Youpi !


Voici mes livres de suédois, ceux de mon cours à l'ENS, celui de mon cours ici, et mon petit dictionnaire acheté en France à dix-huit euros, alors même que les petits dicos anglais ou allemand coûtent entre quatre et cinq euros... Je ne paie rien pour mes séances à l'université. Plusieurs possibilités s'offrent en fait aux étrangers en Suède, la plus connue, réservée aux personnes enregistrées, et donc pas aux Européens profitant juste de l'espace Schengen (suivez mon regard...), est le SFI, Svenska för invandrare (suédois pour immigrants), proposant divers niveaux, avec des listes d'attente pour accéder à un groupe, cependant.

La meilleure manière d'apprendre la langue est de continuer à briser la glace auprès de ses voisins et de ses collègues, en tout cas, je m'en persuade et continue à bavardouiller à tout va !


Montag, 22. Februar 2010

Nyheter från centret (Nouvelles du centre)

Aujourd'hui, deux nouveautés, mon bureau, et l'arrivée de mes données !

J'ai changé de bureau, mais la recette reste la même. Pour que je puisse travailler, il me faut une table, une chaise, un cable éthernet, une prise électrique, etc, le tout contenu dans une pièce bien éclairée. Le centre ayant l'air dépourvu de place libre, je dois squatter chez quelqu'un d'absent. Les deux dernières semaines, j'ai profité du voyage d'un chercheur en Afrique, il y a récolté des bestioles ou plantules, je ne sais pas, et fait un safari. Son retour étant prévu cette semaine, j'ai remballé mes affaires et ai demandé à ce que l'on me trouve un petit coin. Il fallait encore quelqu'un de parti, ils ont trouvé... le doctorant en congé parental ! Oui, ce jeune homme prend six mois pour s'occuper de son bébé, blondinet d'après la photo encore affichée sur le mur. Je crois que ce genre de pratique est assez peu courant en France, et en Allemagne aussi. Hein quoi, pourquoi parler de l'Allemagne ? Parce qu'un autre ingrédient du bureau idéal est le voisin allemand parlant également suédois et anglais, avec qui il est impossible de ne pas se comprendre. Avant, je cotoyais un post-doc physicien, marié et papa d'un petit garçon dont j'ai eu l'occasion de voir les grands yeux rieurs il y a peu. Maintenant, je travaille à côté d'une thésarde biologiste également diplômée de médecine vétérinaire à spécialité alternative (acupuncture et compagnie), mariée elle aussi, sans enfant à ce jour. J'ai de la chance car les deux sont très sympas. Dernier point important d'un nouveau bureau, la vue depuis la fenêtre ! Beaucoup de neige encore, cette fois ci sur une petit colline parsemée de conifères. Je n'ai pas pris de photo car... je ne sais pas encore ouvrir le store, honte à moi.

Et parce que ce grand jour est un grand jour pour de vrai, j'ai commencé à regarder les données patiemment récoltées par des écologistes suédois lors de l'épidémie de 2002. Environ deux milles cadavres ont été récoltés, mesurés, certains organes ont été prélevés, ainsi que du matériel génétique. J'ai ainsi fouiné dans un grand tableau Excel où j'ai eu des rires jaunes en lisant les champs de commentaires (en suédois, là, on peut vraiment dire que ça me sert pour mon travail) : "Attention, taille corporelle sans la tête" avec à côté "Il manquait la tête", ou bien "Yeux non présents" parce que ces pauvres bêtes, une fois décédées puis échouées, servaient un peu de friandises aux oiseaux... Dans mon premier programme, je fais tomber malade et mourir des tas d'animaux lors des simulations, sans pitié ni arrière-pensée, aujourd'hui j'ai découvert la vraie vie, le carnage que j'étudie. Je dois dire que je suis admirative du travail des personnes qui ont ramassé les corps et ont travaillé dessus, c'est du bon boulot, et ça devait vraiment pas être drôle.

Ah, et un détail au fond non négligeable, je me décoince de plus en plus lors des conversations au déjeuner. Ce midi, nous avons parlé de la neige, qui est tellement tombée cet hiver qu'elle crée d'énormes problèmes pour les voitures et les trains. J'ai lu dans un journal qu'un train est resté bloqué 14 heures pendant la nuit, les passagers ne pouvaient ni manger... ni aller aux toilettes ! Je ne prendrai pas le train avant que toute la neige ait fondu ! Ou peut-être que si, car c'est parti pour durer...

Sonntag, 21. Februar 2010

Snö, lyx och ljus! (Neige, luxe et lumière !)

Il a énormément neigé ce week-end, ce qui s'est traduit par un chaos automobile et ferroviaire, évidemment ça ne m'a pas atteint personnellement. Cependant, on pourrait penser que j'ai besoin de me balader avec une pelleteuse portative pour frayer mon chemin sur les trottoirs et les chemins, mais non, même pas, il y a ici des korrigans des neiges, id est des gens que je n'ai pas vus qui retirent les tas blancs. Bon, d'accord, j'en ai vus avec des petits tracteurs. Mais j'ai aussi la sensation d'avoir un ange gardien invisible. Par exemple, dans mon raccourci vers le centre, je dois descendre un escalier. J'imaginais qu'il serait impraticable au bout d'une journée, j'y suis passée tôt hier et la neige s'y accumulait.


Hé bien, non, dès hier, il a été déblayé ! Alors même que c'est un coin peu fréquenté, ces marches relient juste deux rues de maisons, on peut passer par ailleurs, il n'est que luxueux. Je suis émerveillée de voir que ce luxe ne m'est pas retiré par les intempéries. Merci aux petits lutins bienfaiteurs !

Malgré leurs pouvoirs magiques sur les voies piétonnes, ces petits êtres féériques ne réchauffent pas la ville. Il a fait moins dix, moins neuf aujourd'hui. J'aime me balader, mais je ne suis pas folle, aussi me suis-je juste décidée à faire une promenade d'une petite heure. Parce que ce dimanche était incroyablement ensoleillé.


Voici par exemple une jolie rue que j'ai découverte en marchant. On m'a dit, et je m'en suis également aperçu par moi-même, que l'absence de lumière importait peu quand le sol est recouvert de neige, étant donné que cela éclaire tout. Cependant, avec de la lumière en plus, tout devient plus beau, et aussi magique que le travail des korrigans de la neige.


Il y a un sale effet en haut à gauche de cette photographie, mais c'est la seule que j'ai faite de ce chemin doucement illuminé en fin d'après-midi... Vraiment, mes pérégrinations au hasard des rues m'ont mis de la joie au coeur, juste à cause des effets visuels.

En revanche, j'ai eu incroyablement froid aux bouts des doigts. Je me suis rassurée en me disant que les gens à qui on devait enlever des orteils ou des morceaux de mains étaient plutôt alpinistes perdus dans le Mont Everest, mais quand même, ce ne fut pas très agréable. Alors, je me suis dit, autant aller profiter d'une fika dans un café. Cette pensée m'a réconfortée pendant ma petite balade, et le simple fait de pousser la porte du Condecco a guéri mes mains. J'ai pris un thé, et un muffin, mais pas n'importe lequel, attention. Le lyxmuffin ou muffin de luxe, mélangeant chocolat et framboise, et surmonté d'une meringue. Un luxe absolument coupable et égoïste après mes moments neige et lumière...



Men ikväll... kom till Melodifestivalen! (Mais ce soir... viens au Melodifestivalen !)

["Men ikväll", c'est ce qu'ont dit tous les artistes à la fin de leur présentation, avant leur chanson.] L'Eurovision, c'est kitsch. Le Melodifestivalen, sélection suédoise pour l'Eurovision, c'est également kitsch. Qu'est-ce qui m'a donc pris d'acheter un billet pour assister à la manche à Göteborg, hein ? D'abord, comment en ai-je entendu parler ? Hé bien, il faut savoir qu'une de mes grandes passions dans la vie est d'écouter de la musique dans les langues que j'apprends, la découvrant soit par des articles, des témoigagnes ou des vidéos, soit au hasard. Oui, au hasard. Je me mets dans le mode recherche de Deezer ou Spotify (une merveilleuse invention suédoise) et j'y tape un mot du dialecte voulu, puis je teste les résultats. C'est ainsi que je me suis mise à écouter la soupe d'Erik Linder. Vraiment, je suis sûre que je détesterais son album en français, ce sont des reprises plutôt ralenties de Suédois connus, comme le group de rock Kent. Mais ses chansons, je les comprends très bien, la mélodie de la langue me faisant ainsi négliger leur qualité musicale moyenne et leurs paroles, euh, niaiseuses. Bref, vive Erik Linder ! Je l'ai évidemment googlé, ce qui m'a amené sur le site du Melodifestivalen auquel il participe à Göteborg, et je me suis dit que ce serait marrant d'y aller ! Pof pof pof, je n'ai pas réfléchi plus longtemps, j'y suis allée, et en effet, c'était marrant.


Dès hier matin, les rues de Göteborg, ici l'aveny, étaient décorées en l'honneur du Melodifestivalen. Et accessoirement, recouvertes de neige, je crois qu'on en gagné une trentaine de centimètres, pour le plus grand bonheur des trains et des voitures. Les trottoirs sont en majorité assez vite déblayés, du coup les piétons sont rapidement en état de circuler sans effort supplémentaire et sans tremper leur pantalon (et leurs collants et leurs chaussettes).

Je n'ai pas trépigné d'impatience toute la journée, mais en prenant mon sac et mon billet, j'étais très curieuse et très contente de me diriger vers la salle du spectacle.


La salle étant le Scandinavium, dont le nom est à gauche de cette photographie squattée par des flocons. Je suis entrée dedans, me mêlant à la foule des autres spectateurs, et ayant droit comme eux aux offres de vendeurs et vendeuses de gadgets en tout genre.


Sait-on jamais, j'aurais pu avoir envie d'un chapeau en fourrure rose. [J'ai demandé la permission à la demoiselle de la prendre en photo, elle n'a pas eu l'air choquée.] Parmi les produits, j'ai également remarqué des boules Quiès, j'en ai été effrayée mais n'en ai pas acheté, me disant que le bruit ne serait pas insoutenable, j'ai heureusement eu raison.

Le début de la soirée était une sorte d'appéritif, comparé à la suite, en effet, la salle était peu remplie, et la scène était occupée par un groupe de reprises pour nous faire patienter. Le public n'était vraiment tenu d'avoir pris sa place qu'une fois que la retransmission télévisée avait commencé.


Voici la scène, et des têtes de spectateurs. D'ailleurs, ces spectateurs... qui étaient-ils donc ? Je ne saurais le dire de manière claire, en effet, j'ai eu l'impression que le public était assez disparate, mes voisins en étant une bonne preuve. A ma gauche, deux jeunes adolescentes surmotivées en robes courtes dorées et brillantes, se levant en permanence pour sautiller devant la caméra et espérer passer à la télé. A ma gauche, un couple, le monsieur d'une cinquantaine d'année, son épouse un peu plus jeune, sans doute d'origine indienne, et leur adorable fille de trois-quatre ans qui s'est amusée comme une folle, souvent debout sur sa chaise, applaudissant ou jouant avec les ballons et bouts de papiers qu'on nous avait confiés. Devant moi, à gauche, une autre famille modèle, les parents non assis côte à côte, ayant chacun à leur charge une de leurs deux blondinettes habillées en tenue du dimanche. Et devant moi, à droite, un couple de jeunes professionnels aussi bien habillés que les princesses de Suède et leurs fiancés dans les tabloïds, alors que j'ai aussi vu des gens habillés en jean de la tête au pied, ou en gros sweat et leggings. Une seule chose commune à ces personnes, leur bonne humeur tout au long de la soirée.


Et pour certains, la motivation de brandir des pancartes en temps voulu. Les petites soutenant le groupe Alcazar ont dû être déçues, Alcazar a perdu.

J'avoue avoir eu du mal à comprendre le système de sélection, mais j'y suis parvenue. Huit participants, deux sélectionnés pour la finale à Stockholm, deux au repêchage, et quatre renvoyés chez eux. Quelle pression ! Vraiment, les images des chanteurs attendant le verdict m'ont serré le coeur ! Et puis, imaginons bien que gagner le Melodifestivalen est un pas vers le succès. Ah bah oui, euh non, Abba oui.

Qui a gagné, alors ? En premier, et je suis fière de dire que j'en avais fait le pronostic, un groupe de quatre blondes (non, ce n'est pas un détail inutile, toutes les Suédoises ne sont pas blondes), Timoteij, avec leur chanson dynamique "Kom" où chacune jouait d'un instrument, enfin faisait au moins semblant. Je suis sûre que c'est le violon qui les a qualifiées, je suis persuadée que c'est un bon plan, le gagnant de l'Eurovision de l'an passé, Alexander Ryback, en avait un. En second, le chanteur Darin avec sa plate "You're out of my life". La deuxième phrase du refrain est "It cuts me like a knife". Je commence à douter des dons linguistiques des Suédois, tout du moins en ce qui concerne la poésie.

Et le repêchage ? Alcazar avec "Headlight", chanson criarde agrémentée de moult jeux de lumière, je n'ai pas vraiment aimé. Et aussi Crucified Barbara avec "Heaven or Hell", tout un programme n'est-ce pas, ces gothiques l'ont hurlé, encerclées de feu à la fin de la chanson. Mouah ah ah, je me suis vraiment amusée à cette soirée.

Quant aux perdants, je suis triste pour certains d'entre eux. D'accord, Erik Linder n'a pas fait une chanson transcendante, "Hur kan jag tro på kärlek" ("Comment puis-je croire à l'amour") mais il a une jolie voix et puis les gens qui gaspillent leur fric à voter aurait au moins pu être attendris par sa tronche trop chou quand il stressait devant les caméras. Grrr. J'avais également apprécié le chanteur Getty Domein avec "Yeba", un morceau dans une langue africaine, qui m'a rappelée que quand j'étais petite, j'adorais Yannick Noah parce que ça donne envie de bouger.

En revanche, pas trop de pitié pour les deux autres exclus. Elin Lanto se l'est joué à la Britney Spears de bac à sable en chantant "Doctor Doctor" ("Doctor doctor give me my medication, etc". Hum.), ses enfants la renieront plus tard, c'est certain. Et Johannes Bah Kuhnke a fredonné que "Tonight", il ferait enfin "feel fine" son amoureuse avec laquelle il se conduit habituellement comme une crapule. Hé bien, non, mon petit, "Tonight", tu seras rongé par les regrets parce que tu as interprété une chanson pleurnicharde sans avoir le côté trop chou d'Erik. ça ne peut pas marcher, na.

Nous avons attendu les résultats en regardant le spectable du Blue Man Group. ça a été le summum du kitsh de la soirée. Ce trio, aussi bleu que les personnages d'Avatar ou les schtroumphs, fait de la musique en tapant sur des tuyaux avec des bâtons, l'un ayant les baguettes en main, les autres changeant les tuyaux. Surprenant, ennuyeux au bout d'un moment mais tout à coup, pof, la batterie arrive derrière ! Et eux se retrouvent face à des tambours, soudain un liquide coloré jaillit de leur poitrine, remplit le haut du tambour, à présent quand ils tapent dessus un jet de couleur s'élève ! Ils s'éclatent, continuent, jusqu'à sortir une sorte de gros fusil avec lequel chacun balance des serpentins sur le public, wouhou !

C'était vraiment une expérience amusante, je ne me sens qu'à moitié beauf. Det var jättekult !





Freitag, 19. Februar 2010

Tre olika saker om Coop Konsum (trois choses variées sur Coop Konsum)

Pour m'acheter à manger, j'ai le choix entre deux supermarchés chez moi, puisque je rejette l'idée d'aller dans une petite matbutik, ce qui m'arrivera peut-être un jour, cependant les prix ont la réputation d'y être plus élevés. Quant aux deux supermarchés, l'un est plus petit mais plus près, l'autre plus grand, plus loin donc, plus loin signifiant plus bas, et ainsi plus de montée au retour. Mais sa taille, son aspect plus agréable, et sa place sur la grande aveny me le rendent plus sympathique. Ce soir, malgré la neige, qui tombe et continuera à tomber ce week-end, j'ai donc pris mon sac à dos direction le Koop Consum, avec cette fois-ci mon appareil photo, formidable outil qui m'aide à garder les yeux grand ouverts sur ce qui m'entoure.

Aujourd'hui, j'ai noté trois détails assez suprenants dans ce supermarché.

D'abord, la place des offres promotionnelles.


Ceci est l'entrée du supermarché, réservée aux fleurs et aux fruits. Mais aussi à une barque de mouchoirs, qui en plus d'être anatopique (?) est encore une fois un grand mystère de présentation pour moi, comme la mannequin avec des lunettes sur les jambes de dimanche dernier. Derrière les mouchoirs, les bougies chauffent-plat, ici il est de bon ton d'en allumer à chaque repas, alors même que les jours sont à présent bien éclairés par le soleil lui-même.


Ce n'est pas grave si l'on rate la première offre sur les bougies, on peut y repenser à côté de la charcuterie et du fromage en les revoyant, mises en valeur par une poubelle, et accompagnées de café subissant la même humiliation.


Et même moi qui ai toujours envie d'aller aux toilettes, je suis surprise de trouver une montagne de papier toilette à côté de rayons frais et surgelés. Vraiment.

Après les offres promotionnelles, il y a les formats proposés. Je ne suis pas aux Etats-Unis, moi, mais quand même, j'ai de quoi avoir peur.


Ceci est une sorte de Cheddar de deux kilos. [C'est moi qui ai retourné celui de gauche pour faire joli, mais je l'ai remis en place après. J'ai eu l'air assez stupide en me la jouant touriste du Coop Konsum. Mais c'était bien.] Une de mes voisines suédoises m'a expliqué que toute famille suédoise en achetait, le format étant économique. Ils ont un couteau spécial pour faire des tranches fines, il ne s'agit pas de s'engraisser.


En revanche, je ne sais pas comment ils gèrent la margarine ou le beurre au kilo. Moins cher sans doute, mais écoeurant pour moi.

Enfin, après la présentation et le format, il y a le mode d'emballage. On peut se servir soi-même de tout plein de choses.


Pour faire son muesli, au cas où aucune des nombreuses sortes en paquet ne nous convient.

Pour acheter du thé de manière plus élégante qu'en enrichissant Lipton.


Pour acheter juste ce qu'il faut de cacahuètes et biscuits apéro.

Pour se faire un petit sachet de Godis. Il y a deux autres présentoirs du genre, c'est de la folie. Ils sont terribles ces Suédois, comme si moi, j'allais craquer pour des sucreries, c'est le Carême en plus ! Oh, mais je n'étais jamais venue dans ce coin du magasin, que vois-je là-bas ? Un panier ? Encore des bougies ? Oh, on dirait qu'elles ont des copines à côté...


Des copines tablettes de chocolat Rittersport ! Mamma mia ! Et plusieurs sortes en plus ! Oh oh oh !


Hé oui, j'ai eu une pulsion suédoise d'envie de sucré... Mais c'est très sérieux, je n'ai jamais goûté à cette variété, chocolat blanc et chocolat au lait. Rittersport a le don de renouveler mon intérêt pour ses produits, que, je l'avoue, je n'aurais pas vus si je n'avais pas cherché tous les trucs surprenants de ce magasin. Au moment où j'écris, la tablette est encore intacte, mais bientôt j'évaluerai sa place sur mon échelle de déliciosité des différentes sortes de chocolat Rittersport. Qui sont à peu près toutes succulentes. Comme on le dit en anglais sur l'emballage : "Quality. Chocolate. Squared."







Donnerstag, 18. Februar 2010

Is och snö (glace et neige)

Je viens de rentrer du groupe de jeunes de l'église, la soirée a été intéressante mais le débat a été rendu pénible par la présence d'un schtroumph à lunettes parmi nous, le genre de personnes qui veut avoir le dernier mot, même si c'est en croyant lire dans un texte du Vatican que Jésus peut dire des conneries, et même si c'est en se noyant constamment dans un verre d'eau. Très plaisant. Cependant, sa présence a animé la discussion, et l'échange a aussi eu des aspects constructifs. A un moment le prêtre a parlé de l'arbre-dieu d'Avatar et j'ai eu le malheur de faire un parallèle avec l'arbre qui parle dans Pocahontas... La qualité extrême de mes références culturelles a été démasquée !

Je suis rentrée avant la fin, afin de faire le trajet avec un Allemand qui habite juste à côté de chez moi. Nous avons bien bavardé, un des derniers sujets a été sa motivation dans ses études en material sciences. Il était exalté par son sujet, ça m'a fait penser à d'autres personnes du même domaine, personnes sans "s" en vrai d'ailleurs. Quant au premier thème de notre dialogue, ça a été la neige, qui a eu le temps, pendant que nous étions dans la salle paroissiale, de s'accumuler de manière assez impressionnante pour une Bretonne comme moi. Nous avons ainsi marché dans de la poudreuse toute douce et jolie. Mais la neige, et l'eau solide en général, ce n'est pas que ça.


Au bout d'un moment, ça devient dégueulasse. Et laid. Mais si ce n'était que ça...


Des fois, en plus d'être marronnâtre, la neige cache une fine couche de glace plus efficace qu'une peau de banane.


Et ses méfaits ne s'arrêtent pas là. La neige s'allie également à la glace pour parfois tomber des toits ! D'où ces petits plots prévenant du danger.

En définitive, je pourrais presque devenir glaconeigophobe. Seulement, détester de manière définitive n'est pas un bon choix. La réconciliation peut surprendre tout un chacun...


Et apparemment, grâce à une voiture en plus. Je suis sous le charme ! Et j'envoie des messages de paix au monde entier avec ce cliché. Enfin, je veux surtout faire témoignage de ma réconciliation avec Dame Nature. Nu är jag som Pocahontas !

Mittwoch, 17. Februar 2010

Onsdag! (Mercredi !)

Si je ne m'astreignais pas à écrire mes titres dans la langue de ce pays, j'aurais choisi comme titre le nom d'une rubrique hebdomadaire de mon journal préféré, Ouest-France : "Chic, c'est mercredi !". Le mercredi, c'est bien, et aujourd'hui, encore plus, parce que...

Mercredi est le jour de la fika gratuite à 10h, boisson chaude et gâteau, aujourd'hui j'ai pu choisir entre cannelle et crème de vanille, je préfère le premier. J'aurais aussi pu prendre les deux car apparemment, beaucoup de chercheurs ont pris des jours de congés pour accompagner leurs enfants, qui sont en "sportlov", vacances de sport. Hé oui, en Suède, les vacances d'hiver ont un nom évoquant les bonnes habitudes locales. Une occasion de partir faire du ski, d'après ce que j'ai compris. Malgré cette opportunité, je n'ai pris qu'une part de gâteau, que j'ai savourée en sirotant mon café et en discutant avec mon voisin allemand et un écologiste suédois qui bosse en dynamique de populations des algues. Au passage, on pourrait croire que la ville française que connaissent tous les Suédois est Paris. En fait, au centre, aujourd'hui, j'ai rencontré plusieurs personnes qui m'ont parlé de Roscoff, car la commune abrîte une station de terrain chère aux scientifiques du littoral. Vive la Bretagne !

Aujourd'hui a aussi été un grand jour pour moi car j'ai participé à la conversation du déjeuner. Lorsque je suis arrivée dans la cantine où chacun apporte sa popotte, seule une chercheuse était présente, je l'ai légèrement bombardée de questions sur son travail et sa carrière pour engager la conversation, qui a effectivement démarré et a été rejointe par deux autres personnes sans que je m'en trouve exclue. Je croise les doigts pour que mon intégration continue, j'adore écouter et parler, vraiment, ça me donne la pêche. Je suis donc enchantée de ce pas en avant !


Juste pour le plaisir, une nouvelle photo de ma vue habituelle depuis mon bureau, j'aime toujours autant lever les yeux, pas trop souvent évidemment, mais vraiment je trouve les lieux jolis. Je suis en revanche assez intriguée par le toit de la maison au premier plan, même quand il neige beaucoup il y a un bout qui reste rouge, en haut à gauche. Any explanation ?


Mercredi est également le jour du Wednesday club (me répèté-je avec cette expression ?) du réseau de biologie théorique de Göteborg, ce qui me permet d'assister à un séminaire mené par un chercheur. J'aime bien m'ouvrir l'esprit, voir comment les gens travaillent, et une fois par semaine, ce n'est pas comme avoir des conférences de cours tous les jours, j'en profite mieux en raison du faible nombre. Plus c'est rare, plus c'est cher ! Aujourd'hui, un biomathématicien finlandais nous a révélé quelques aspects de l'évolution de la coopération dans une population ou une métapopulation. Beaucoup de formules, de graphes et de démonstrations... mais pas assez au goût d'un matheux qui a demandé à revoir plus longtemps les équations au cri de "I don't have any other intuition than equations" ce qui a provoqué une certaine hilarité. Je me rends bien compte, avec ce genre de remarques, que les scientifiques de différentes disciplines n'approchent pas les problèmes de la même manière, c'est fascinant et enrichissant.

Aujourd'hui a de plus été un Wednesday club conclu par un dîner en l'honneur de l'invité de Finlande, auquel j'ai voulu aller par curiosité et par envie de discuter, en écrivant ce dernier élément je sens que je ne peux pas prétender ne pas être bavarde ! Nous n'étions que quatre, d'ailleurs nous n'étions que six ou sept au séminaire. Les convives étaient ma maître de stage, un professeur de mathématiques de la Chalmers, qui ressemble au cliché que j'ai du professeur assez âgé, id est très cultivé et plaisantin (j'ai peur d'inventer ce mot), le chercheur finlandais ma foi très sympathique, et qui lui a déjà rencontré un certain mathématicien écologiste d'une certaine école parisienne, et une espèce de jeune stagiaire franchouillarde que vous aurez reconnue. J'ai apprécié cette soirée, tant pour la gastronomie que pour les discussions. La gastronomie : miam miam miam. Deux détails plus concrets : j'ai enfin réalisé mon rêve de boire du vin dans un verre à vin suédois, énorme et rond, magnifique donc, mais attention, ce n'est pas parce qu'il est énorme qu'on le remplit ; et aussi, le restaurant a l'idée atypique de donner une entrée, un plat, un dessert pour deux, il faut partager, ma maître de stage a soumis l'hypothèse que nous étions filmés par un comportementaliste. Quant à la discussion, majoritairement en anglais, bien que le suédois soit la seconde langue officielle de la Finlande et que l'invité la parle très bien, seulement moins bien que son anglais fluide avec juste les jolis r roulés de son accent, donc, la discussion, a porté sur des sujets variés impliquant différents pays européens, depuis des itinéraires de vacances au financement des études en passant par les magasins d'achat d'alcool. Je pense développer ce dernier point un jour, après une mission journalistique au Systembolaget. Ah et juste en passant, le Finlandais m'a expliqué avoir suivi un stage de survie en eau froide pour avoir le droit de diriger un bateau, la connaissance de la douleur lié à ce liquide presque glacé motivant une bonne gestion du navire. Non, ce n'est pas une idée bizarre, c'est une idée scout. Je suis poursuivie par le scoutisme, je rencontre des scouts absolument partout où je vais !


Voici un des mes deux verres à vin, qui sont inclus dans la vaisselle que je loue. Au cas où vous vous demanderiez pourquoi je ne les ai jamais utilisés, imaginez-moi boire du vin seule... Aldrig i livet !

Dienstag, 16. Februar 2010

Disputationer (soutenances de thèses)

Non, je ne vais trop vite, je ne m'intéresse pas à ma soutenance de thèse, mais à celles des Suédois. Et des Allemands. Et des Français, aussi. Et cela, aujourd'hui tout particulièrement. Tout a commencé par une discussion avec mon voisin de bureau allemand, qui m'a expliqué qu'en Allemagne, deux systèmes coexistent en ce qui concerne la rédaction de la thèse. Dans certaines facs, on peut se contenter de compiler ses publications, de faire des petites fioritures autour, introduction et compagnie. Dans d'autres, il faut rédiger un mémoire entier de novo. Je crois que ça marche toujours comme ça en France, et j'aurais tendance à penser que le fait d'écrire sa thèse en anglais pourrait être considéré comme un crime contre la langue. En Suède, on tend plutôt vers le premier système, d'après ce que j'ai compris lorsque ma maître de stage m'en a parlé. J'ai trouvé cela très inquiétant au début : comment peut-on être sûr d'avoir publié plusieurs articles scientifiques pendant les quelques années de doctorat ? Mon encadrante a vite éclairci la chose en me précisant que les articles peuvent être au stade de tapuscrits non parus. Ah, c'est quand même mieux.

Cependant, une soutenance de thèse en Suède a un second aspect effrayant pour un francophone. On parle ici de "disputation", je trouve cela un peu violent, mine de rien.

M'enfin, j'ai encore du travail à faire pour pouvoir vraiment comparer les systèmes universitaires entre eux ! Mais petit à petit, j'enrichis ma connaissance de l'affaire et des traditions plus ou moins locales. Parfois, ça se joue sur des détails. Par exemple, lorsqu'on rentre dans le centre, on doit passer devant ceci :


Mais qu'est-ce que cela peut-il bien être ? De gros documents de toutes les couleurs, apparemment. Mais encore ? Approchons-nous...


Oui, ce sont des thèses clouées à un poteau en bois ! Une décoration originale, pas vrai ? Je ne sais pas au bout de combien de temps j'aurais repéré ce tas de papier si on ne m'avait pas guidée. En effet, ma maître de stage m'a expliqué dès le premier jour que tout doctorant du centre se doit d'accrocher son oeuvre là.

Ce qu'elle ne m'a pas dit, et que j'aimerais savoir, c'est l'ambiance lors de la mise au poteau. S'agit-il d'une cérémonie très organisée avec un public en rang serré, ou d'un moment de débauche après la consommation d'innombrables coupes de champagnes, sous les applaudissements d'une bande d'écologistes joyeux ? Mystère et boule de gomme.

Montag, 15. Februar 2010

Nära hemma och hemma (près de chez moi et chez moi)

Lundi, premier jour de travail, mais je ne suis pourtant pas allée jusqu'au centre ce matin, je suis restée chez moi où j'ai fini mon livre tristounet et glauquissime. En effet, j'avais rendez-vous tout près, à la Chalmers, avec ma maître de stage, le prof de maths de vendredi dernier, et une deuxième mathématicienne, pour discuter de modèles épidémiologiques. Je crois vraiment que la pluridisciplinarité est importante quand on fait des maths pour parler de petites bêtes. Et comme cette pluridisciplinarité se traduit par une collaboration avec des personnes très sympathiques, je suis ravie ! D'autant plus que les deux réunions auxquelles j'ai participé se sont déroulées autour d'un café, et même de gâteaux délicieux aujourd'hui, devant un tableau blanc sur lequel chacun peut présenter ses idées de manière claire. Je baragouine le suédois, mais en langage cases-et-flèches, je me débrouille vraiment bien, héhé.

Je suis quand même allée au centre après cette séance de travail, j'ai même parlé avec une collègue au déjeuner, enfin ! Collègue suisse qui bosse dans l'écologie humaine, elle s'intéresse à l'histoire du développement du parc naturel marin de Suède, ce pour quoi elle travaille avec des acteurs divers et variés. Echanger avec elle n'a pas seulement été une occasion de ne pas me sentir seule à midi, mais aussi et surtout de bénéficier des ondes positives qui fusent lorsqu'on discute avec une personne débordant d'enthousiasme ! J'étais déjà de plutôt bonne humeur, mais je dois dire que cette dame m'a quand même beaucoup apporté. Tack !

Après un après-midi de début de modélisation, je suis rentrée chez moi. J'ai photographié les lieux hier en plein jour, ce qui va me permettre de guider une visite du palais du désordre et de la désorganisation, que j'ai heureusement un peu rangé. Enfin, avant de voir l'intérieur de mon appartement adoré, il faut marcher jusqu'à l'immeuble, en haut d'une côte quel que soit le côté dont on décide d'arriver. Pas possible de tricher, y'a même pas d'escalators en plein air ou d'ascenseurs résistants à la neige pour les flemmards comme moi.


Voici le bâtiment, pas extrêmement beau, mais pas ultra laid non plus, trouvé-je. Qu'on ne s'y méprenne pas, la route à gauche n'est pas celle qui mène à l'entrée, non, la porte se trouve un peu plus haut, évidemment ! Mais elle n'est pas loin...


Tada ! Avec le nom de la résidence écrit de manière assez surprenante. Je pense que le principe est de lui donner l'apparence de quelque chose qui aurait été écrit avec de la neige. Pour rester dans l'ambiance, et peut-être rendre les habitants nostalgiques en été, qui sait ? En tout cas, on peut rentrer dans la cité sans qu'une lettre glacée ne nous tombe dessus, ce qui ne serait pas le cas si c'était de la vraie neige, ou des stalactites. Allez hop, vite, au chaud !


Tada, nous voici à l'intérieur. Il ne faut jamais oublier de mettre ses chaussures sur le paillasson. C'est traître, la neige. Pom pom pom, on enlève ses chaussures, on vaque à ses occupations, on revient dans l'entrée, et ça y est, cette vilaine petite forme d'eau s'est transformée en flaque marron dégueulasse. Berk. Une fois en chaussons, cependant, on peut faire le tour de la pièce, sans buter sur des trucs qui traînent, puisque pour une fois, c'est rangé.


C'est rangé, parce que j'ai beaucoup d'endroits où mettre mon bazar, car oui, même en étant ici depuis seulement une semaine, j'ai des affaires à entasser. Ce qui m'étonne pas mal, d'ailleurs.



A côté du bureau, le lit. Deux remarques à ce sujet. Et d'une, il est très important d'avoir un endroit où dormir quand on souffre de fatigue linguistique et culturelle. C'est le nom que je mets sur le fait qu'entendre du suédois toute la journée m'assomme légèrement. D'un autre côté, c'est vrai que la culture suédoise n'est pas si fatiguante que ça, je finis le travail tôt, et quasiment tous les magasins sont ouverts le dimanche, ce qui gomme toute étourderie. En conclusion, je suis peut-être juste devenue fainéante ici. Et de deux, dans le Erasmuspaket que je loue pour avoir de la vaisselle, il y avait un deuxième matelas. Du coup mon lit a un petit air de canapé, il est confortable pour bouquiner. Ah et au fait je ne cache pas de cadavre ou d'animal sous la couette, c'est juste le reste de la literie en boule, à quoi ça sert de faire son lit ?


A côté de celui-ci se situe le centre de ma vie,
Internet dans mon précieux ordinateur. Ma chaise est juste devant le radiateur, et la fenêtre...


La vue d'ici porte assez loin, et me permet même de voir l'heure. Le clocher de cette église protestante a une pendule sur chaque côté, dont une, orientée vers moi, fonctionne encore. La nuit, on passe des couleurs froides aux couleurs chaudes, je vois des fenêtres dorées, et même une guirlande clignotante. Je trouve que j'ai plutôt de la veine.


J'ai tellement de chance que même si je suis assez bien équipée, j'ai encore de la place dans mes étagères, ce qui me permettrait presque de prétendre que j'ai une organisation d'enfer.

Ce qui n'est pas le cas, mais heureusement, en plus du bureau, j'ai un magnifique fauteuil apte à accueillir tout plein d'objets. Qu'on se rassure, c'est le dernier élément que je souhaitais présenter, je passe sous silence la présence d'un lavabo et de toilettes, même si sans eux, ma vie serait plus dure. Je suis plutôt charmée par les meubles et l'état de ma piaule suédoise, dans laquelle je me sens bien, surtout depuis que je l'ai décorée, le premier jour en fait. J'ai un petit nid dans cette ville où je m'adapte de mieux en mieux... Det är skitkult ! [Oui, "kul" veut dire la même chose que "cool", et "skit"... euh... a la même signification que son cousin anglais, on change une lettre - la deuxième - en quelque chose de proche, et on retrouve un mot très poli. La lettre par laquelle remplacer "k" est "h". Pour me faire pardonner, il faut savoir que j'entends des autochtones parler ainsi.]

Sonntag, 14. Februar 2010

Alla Hjärtans Dag, passa på idag ! (Saint Valentin - euh jour de tous les coeurs, profitez-en aujourd'hui !)

Aujourd'hui, je me suis levée de bonne heure comme toujours ici, étant donné que je me couche avec les poules, enfin je n'ai pas vu de poules depuis mon arrivée, mais pas mal d'oiseaux, d'ailleurs je rêve d'en prendre en photo car ils sont différents des oiseaux français, j'ai un peu l'impression de vivre dans un univers parallèle quand j'en vois. Univers froid ces jours-ci, demain matin il fera moins dix, mais comme ce matin il ne faisait que moins six, je me suis décidée à aller faire un tour en ville. Mes mains ne sont pas extrêmement belles à voir mais elles n'ont pas souffert lors de ma balade. Avant midi, le dimanche, on ne croise vraiment pas grand monde, mais ça a un côté charmant, surtout sous le soleil comme ce matin.

Cependant, comme chacun le sait, aujourd'hui n'est pas censé être un dimanche comme les autres. Je n'ai pas fait de promenade à thème, mais j'ai de quoi parler de la Saint Valentin en Suède ! Habitant de Göteborg, peut-être as-tu oublié que cette fête commerciale était revenue à la charge cette année. Heureusement pour toi, tu t'en rappelleras vite, grâce aux affiches des vitrines des fleuristes dont certains ont même fait l'effort d'être ouverts plus longtemps aujourd'hui.


Je me demande quel est le sens de "passa på idag". Traduit littéralement comme dans mon titre, cela signifie "profitez-en". Profitez-en pour acheter des fleurs, ou profitez-en pour vous lancer en achetant des fleurs ? Les paroles de Cupidon sont bien obscures. Notez qu'il n'est pas spécialement gentil aujourd'hui, à moins qu'il n'ait désépiné ses roses. Je le trouve moins inquiétant quand il a des flèches avec un coeur sans doute rebondissant. En tout cas, sans lui, impossible de tomber amoureux. D'ailleurs, en Suède, de qui tombe-t-on amoureux ?


Dans le froid de l'hiver, les hommes fantasment très certainement sur des femmes au corps svelte emmailloté dans un paréo, posant de manière sexy et... les jambes recouvertes de lunettes. Euh, je comprends pas le sens de cette déco de vitrine en vrai. Selon les verres ça doit donner des coups de soleil en plus non ? Hum. Mais bon, quand même, choisissons d'imaginer qu'un Suédois voudrait l'aborder.


Avant d'aller à la plage pour la rencontrer, il aura bien entendu penser à se débarrasser de sa toison de yéti ! Ou bien il aura carrément choisi l'allule asymétrique de la publicité. Mais il aura tellement honte qu'il se cachera le visage comme le monsieur de la photo. Pas terrible pour draguer. [Et puis la plage en Suède en février, il faut l'avoir trouvée.] Cependant, hein, malgré ces obstacles, ça doit bien arriver que des Suédois sortent ensemble, s'aiment beaucoup beaucoup... et choisissent de se marier. Le défi est alors, pour eux et les invités de la cérémonie, de dégoter une tenue bien habillée pour ne pas détoner lors du jour J !


Heureusement, Linnégatan (rue Linné), il y a plusieurs magasins spécialisés, vendant des tenues discrètes et distinguées ! Personnellement, je trouve que ces vêtements ressemblent à des déguisements assez vulgaires. Enfin, chacun fait comme il veut, et il existe peut-être des échopes moins bling bling ! J'avoue que ça ne m'atteint pas trop, mon défi du jour n'étant non pas de trouver une robe rose à paillettes, mais des collants chauds pour survivre à un début de semaine qui s'annonce mycket kalt...